Président du jury
Marcel Poot
Belgique, °1901 - 1988
Marcel Poot (1901-1988) fit ses études musicales supérieures aux conservatoires d’Anvers et de Bruxelles. Il fut un disciple de Paul Gilson pour la composition et l’orchestration et après avoir obtenu en 1930 le Prix Rubens, il travailla à Paris avec Paul Dukas.

En 1925, il crée avec quelques amis le groupe des Synthétistes pour faire mieux connaître la musique contemporaine. Il fonde avec son maître Paul Gilson, la Revue Musicale Belge. Parmi ses multiples occupations, citons qu’il fut aussi critique musical au journal Le Peuple et après la guerre au journal La Nation Belge. Il occupe jusqu’en 1940 un poste à l’Institut National de Radiodiffusion nouvellement créé. En collaboration avec le directeur Theo Fleischman il écrivit divers jeux radiophoniques. Après la guerre il reprend ses activités à L’I.N.R. et y devient président du jury d’audition jusqu’en 1949. Il assume également la présidence de la SABAM pendant de nombreuses années.

Après une importante carrière dans l’enseignement musical, Marcel Poot quitte la radio pour devenir en 1949 directeur du Conservatoire de Musique de Bruxelles jusqu’en 1966. Il y était déjà professeur d’harmonie pratique et de contrepoint. De 1963 à 1980 il a présidé le jury du Concours Reine Elisabeth et de 1969 à 1976 il a été recteur de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Il était membre de l’Académie Royale Flamande de Belgique.

Il est titulaire de plusieurs décorations belges et étrangères, dont en Belgique officier de l’Ordre de Léopold et en France officier de la Légion d’Honneur.
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Stefan Askenase
Pologne, Belgique, °1896 - 1985
Stefan Askenase a commencé le piano avec sa mère, pianiste et élève de Karol Mikuli, à l'âge de cinq ans. Deux ans plus tard, il commence à prendre des leçons avec Ksawera Zacharyasiewicz, l'élève de Franz Xavier Mozart, puis avec Theodor Pollak, un professeur et le directeur de l'école de musique Ludwig Marek, à Lemberg (L'viv). En 1913, il déménage à Vienne, afin de continuer ses études de piano sous la direction d'Emil von Sauer, un élève de Franz Liszt ; il y fera ses premiers pas en tant que concertiste. Il débute en 1920, au Philharmonic Hall de Varsovie : le premier février, il y joue le concerto pour piano en la mineur de Schumann, et le six, il interprète le Concerto pour piano en si bémol majeur de Brahms , et le concerto en fa majeur de Chopin. Ses prestations sont reçues avec enthousiasme par la critique.

Après ces succès à Vienne et Varsovie, Stefan Askenase se lance dans une tournée de concerts en Autriche, en Allemagne et en France. De 1922 à 1925, il vit au Caire, où il exerce le métier de professeur de piano au Conservatoire de la ville. Il déménage ensuite à Bruxelles, en 1927, où il occupera pendant quarante ans le poste de professeur au Conservatoire Royal. Il devient citoyen belge en 1950.

En plus de ses activités d'enseignant, il continue à se produire dans presque tous les pays européens, en Amérique du Nord, en Afrique - entre autres. Le 17 mai 1946, il réalise son premier concert en Pologne depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Il fonde en 1965 la Société des Arts et de la Musique (Art und Musik Society), dont le but était alors de préserver la gare historique de Rolandseck, au dessus du Rhin. Après sa restauration, le bâtiment se convertit en un lieu d'accueil d'artistes tels que Pierre Fournier, Henryk Szeryng, Salvador Dali et Askenase lui-même.

Stefan Askenase a aussi animé des master classes de piano en été, à Cologne et à Bonn. Il est membre du jury au Concours Chopin de Varsovie en 1955 et 1960. En 1981, pour fêter son 85e anniversaire, il fait une tournée de 85q concerts à travers l'Europe. Il était tout particulièrement remarqué dans ses interprétations de Scarlatti, Bach, Brahms, Beethoven, Chopin, Schubert, Scumann et Albeñiz. Il fut le professeur de Martha Argerich, d'Andrzej Czajkowski et de Mitsuko Uchida.
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Joseph Benvenuti
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Alexandre Brailowsky
Russie (Fédération de), France, °1896 - 1976
Alexandre Brailowsky était un pianist russe qui étudia avec Busoni et Francis Planté, et fit ses débuts à Paris en 1919. En 1926, il devint citoyen français. Il était un spécialiste de Chopin et donna une série de récitals des œuvres complètes de ce compositeur, dans de nombreux pays. Ses enregistrements ont commencé à la période acoustique, et ont continué bien après l’introduction du stéréo.
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Frans Brouw
Belgique, Canada, °1929
Tout en poursuivant ses activités de concertiste, Frans Brouw a entrepris sa carrière de pédagogue en 1960 au Conservatoire royal de musique de Gand en Belgique, où il enseigne le piano jusqu'en 1964. Cette même année, il s'installe définitivement au Québec et y entreprend une fructueuse carrière de professeur de piano à l'Université Laval.

Dès son arrivée à l'Université, il assume la responsabilité du département de piano et y effectue une révision complète de tous les répertoires d'enseignement et d'examens de piano, tout en voyant à l'organisation des examens et à la formation des jurys.

Récipiendaire d'un premier prix en piano du Conservatoire royal de Bruxelles, il y obtient également un diplôme de virtuosité. Cette solide formation, comme son talent et sa grande musicalité, l'amène à s'illustrer, en 1952, en tant que lauréat du Concours Reine Elisabeth.

Grâce au succès obtenu lors de ce concours, Frans Brouw se distinguera rapidement sur la scène internationale. Au cours des années, de nombreuses tournées le mènent dans la plupart des capitales d'Europe, aux États-Unis, au Canada, en Afrique et en Russie. Le public de Québec n'est pas en reste puisqu'il a pu l'entendre en concert, entre autres, à la Société artistique de l'Université Laval, à l'Institut canadien, à l'Institut Saint-Jean-Eudes, à la société Radio-Canada, au Palais Montcalm et au Grand Théâtre.

Reconnu pour son professionnalisme et pour la finesse de son jugement, Frans Brouw a également été sollicité à maintes reprises à titre de membre de différents jurys, notamment au Conseil des arts du Canada, à l'Université de Montréal, au Conservatoire de Montréal, de Trois-Rivières et de Québec, au Festival de Sillery, de Sherbrooke et de Saint-Georges-de-Beauce. Comme un retour aux sources, on l'invite à trois reprises à siéger au jury du Concours Reine Elisabeth.

Nommé «Citoyen d'honneur» d'Izegem (Belgique) en 1999, puis de Veurne (Belgique) en 2001, ville dont il est originaire, Franz Brouw a été proclamé professeur émérite de la Faculté de musique de l'Université Laval en 2004.
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Chan-teh Ting
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Marcel Ciampi
France, °1891 - 1980
Le pianiste et professeur français Marcel Ciampi étudia dès son plus jeune âge avec Marie Perez de Brambilla, ancienne élève d’Anton Rubinstein, et il reçut le premier prix de la classe de Louis Diémer au Conservatoire de Paris, en 1909. Il se produisit en soliste dans toute l’Europe, mais aussi en trio aux côtés de Maurice Hayot et d’André Hekking, et fut le partenaire régulier de Casals, Enescu et Thibaud. De 1941 à 1961, il enseigna au Conservatoire de Paris, et compta parmi ses étudiants des personnalités telles qu’Yvonne Loriod, Cécile Ousset et Eric Heidsieck. Il enseigna aussi à l’Ecole Normale de Musique de Paris et à l’Ecole Yehudi Menuhin de Surrey. Ses rares enregistrements - par exemple, le Quintet de Franck (avec le Quatuor Capet), ou encore des œuvres de Chopin et Liszt - révèlent un style très libre, et une approche subtile au son, qui semblerait refléter l’influence de son premier professeur russe. Marcel Ciampi était un interprète remarquable de Debussy, pour qui il joua parfois.
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Harriet Cohen
Grande-Bretagne, °1895 - 1967
La pianiste britannique Harriet Cohen étudia à l’Académie Royale de Musique (1912-1917) et à la Matthay School, où elle enseigna par la suite. Ses petites mains limitèrent son répertoire, mais elle se créa rapidement une réputation d’interprète exceptionnelle de Bach, et de la musique anglaise de son époque. Elle joua au Festival de Musique Contemporaine de Salzbourg en 1924, au Coolidge Festival de Chicago en 1930, et créa le Concerto de Vaughan Williams qui lui était dédié, en 1933. Elle se blessa à la main droite en 1948, et ne joua qu’à une seule main jusqu’en 1951, mais cette blessure ne guérit jamais complètement et elle fut forcée de prendre sa retraite en 1960. Elle obtint les titres de Commander de l’Empire Britannique en 1938, de Freeman de la Ville de Londres en 1954, et reçut de nombreuses autres décorations dans d’autres pays. Le Prix International de Musique Harriet Cohen fut fondé en 1951 par Sir Arnold Bax.

Harriet Cohen fut choisie par Edward Elgar pour enregistrer son Quintet pour piano, et elle réalisa une grande partie des premiers enregistrements des œuvres d’Arnold Bax - principalement pour piano, dont un Concerto à la main gauche écrit spécialement pour elle. En 1932, douze des compositeurs anglais dominants publièrent des transcriptions dans A Bach Book for Harriet Cohen. Elle publia elle-même quelques transcriptions de Bach, et un court ouvrage sur l’interprétation, Music’s Handmaid (1936, 2/1950). Ses Mémoires, A Bundle of Time (1969), sont composées de lettres de ses éminents amis.
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Reimar Dahlgrun
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Eduardo del Pueyo
°1905 - 1986
Né à Zaragoza, en Espagne, Eduardo del Pueyo (1905-1986) avait débuté ses études musicales à 8 ans et sa carrière pianistique à 16 ans. Brillant technicien, d’un esprit raffiné et d’un tempérament riche, il sera, durant quelques décennies, une référence, notamment en matière d’interprétation des oeuvres de Beethoven.
Professeur au Conservatoire Royal de Bruxelles, à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, à l’Université Autonome de Madrid et au Mozarteum de Salzbourg, il aura été conseiller technique et membre du jury du Concours Reine Elisabeth depuis sa fondation. Le moindre de ses titres n’est pas celui d’avoir formé quelques uns des lauréats belges de du Concours Reine Elisabeth : Jean-Claude Vanden Eynden, André De Groote, Jo Alfidi, Evelyne Brancart et Johan Schmidt.
C’est en 1977 que fut créé le Centre européen des hautes études musicales, à l’initiative d'Eduardo del Pueyo et de Jean-Claude Vanden Eynden, devenu Centre Musical Eduardo del Pueyo en 2004.


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Zbigniew Drzewiecki
Pologne, °1890 - 1971
Zbigniew Drzewiecki fit ses études à la Wiener Akademie für Musik avec M. Prohaski, et prit des cours particuliers à Vienne avec M. Prentner. Il fit ses débuts en tant que pianiste en 1916 à Varsovie, donnant un récital composé d'oeuvres de Bach, Beethoven, Brahms, Schumann, Chopin et Liszt. Il fut également l'un des premiers pianistes polonais à interpréter des œuvres de Scriabin, Debussy, Ravel et Prokofiev : aux yeux des critiques conservateurs, il se fit ainsi une réputation de propagateur enthousiaste du modernisme et du dadaïsme.

La musique de Szymanowski trouva une place toute particulière dans son répertoire. Le compositeur et le pianiste étaient amis, et partageaient la même passion pour le bridge. Szymanowski lui dédia deux Mazurkas Op. 50 n° 7 & 8. Zbigniew Drzewiecki fut aussi un relais pour les œuvres de compositeurs polonais contemporains : Szalowski, Palester, Kondracki, Szabelski. Il perfectionna sa technique musicale aux côtés de Paderewski, à Morges.

En tant que critique musical, il publia des articles dans Muzyka de M. Glinsli, et Muzyka Polska de K. Regamey. Il écrivit beaucoup sur le répertoire pour piano du XXème siècle, notamment à propos des œuvres de Bartok, Berg, Szymanowski, Koffler ou Palester, mais aussi à propos des interprétations de Chopin, pour laquelle il recommandait la simplicité et la modération, ainsi que l'équilibre entre l'expression et la technique. En 1930, il devint vice-Recteur de l'Ecole de Musique de Varsovie, renommée « Académie » par la suite. En 1931, il quitta se poste pour celui de Recteur, à la suite de Karol Szymanowski. Parmi ses étudiants, nous pouvons citer F. Blumental, J. Ekier, R. Etkinówna, B. Kon, H. Czerny Stefanska, Fu-Tsung, L. Grychtolówna, A. Harasiewicz, R. Smenszianka, J. Olejniczak. Certains d'entre eux sont à présent membres de la Faculté de Cracovie : M. Szmyd-Dormus et E. Wolak-Moszynska.

Au printemps 1945, avec un groupe de collaborateurs, Zbigniew Drzewiecki commença à organiser la Haute Ecole de Musique (aujourd'hui « Académie de Musique »). Parmi le corps enseignant de l'Ecole de Cracovie, nous pouvons citer : R. Palester, S. Wiechowicz, A. Malawski, J. Hoffman, A. Rieger, H. Sztompka, E. Uminska, B. Rutkowski, B. Romaniszyn, H. Zboinska-Ruszkowska, W. Kaczmar, M. Dziewulska, et S. Kisielewski.

En guise de reconnaissance de son travail et de ses réalisations, il a reçu le Prix National du 1er degré (1950 et 1952), et fut honoré du Polonia Restituta Cross en 1955.
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Leon Fleisher
États-Unis, °1928 - 2020

Léon Fleisher, pianiste prodige à deux et à une main(s)

Léon Fleisher est né à San Francisco en 1928, de parents qui ont émigré aux États-Unis d’Europe de l’Est. Il apprend le piano à l’âge quatre ans et à neuf ans, a suivi l’enseignement du pianiste de renom Artur Schnabel. Sa carrière musicale commence à l’Orchestre philharmonique de New York, qu’il intègre à l’âge de 16 ans. C’est le début d’une grande carrière pianistique, marquée par de nombreux enregistrements, notamment de Beethoven, Brahms et Schubert mais aussi de compositeurs américains contemporains tels que Roger Sessions (avec qui il a brièvement étudié le solfège) et Aaron Copland.

Une carrière qui sera mise à mal par une maladie, la dystonie focale, qui le prive de l’usage de sa main droite. Après une pause de deux ans, Léon Fleisher se tourne vers l’enseignement et la direction d’orchestre. Il recommence également à jouer du piano, se concentrant sur les œuvres écrites pour la main gauche, il exhume d’ailleurs plusieurs œuvres qui avaient été composées pour le pianiste Paul Wittgenstein, qui avait perdu son bras droit pendant la Première Guerre mondiale. Il enregistrera d’ailleurs dans les années 1990 des sommets du répertoire de la main gauche, dont des concertos de Ravel, Prokofiev et Britten, de la musique de chambre de Korngold et Schmidt, et des œuvres solistes de Saint-Saëns, Godowsky et Bach. Des compositeurs, comme Leon Kirchner, lui écriront également des œuvres pour la main gauche.

En 1995, à force de détermination et après de nombreux traitements, Léon Fleisher a pu recommencer à jouer de sa main droite, sans récupérer entièrement son habileté d’autrefois. En 2004, il sort un disque intitulé Two Hands (Deux mains), son premier après 41 ans d'interruption. Il fera également un retour triomphant lors d'un concert au Carnegie Hall de New York en 2003.

Premier lauréat du Concours Reine Elisabeth en 1952

Alors âgé de 24 ans, Leon Fleisher est le premier Américain à remporter le Concours Reine Elisabeth en 1952, en interprétant avec une grande virtuosité le premier concerto pour piano de Brahms. Une interprétation également marquée par un incident particulier. Dans la cadence du premier mouvement, Leon Fleisher casse une des cordes graves du piano. L’accordeur étant introuvable, Leon Fleisher a entrepris lui-même de remplacer la corde cassée, devant un public et un jury médusés et amusés. Il a ensuite repris l’interprétation du concerto avec un calme impressionnant, comme si rien ne s’était passé.

Premier lauréat en 1952, Léon Fleisher fut également membre du jury pendant plusieurs éditions de piano.

Article de rtbf.be/musiq3
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Emil Gilels
Russie (Fédération de), °1916 - 1985
Emil Gilels naquit à Odessa. Il n'était pas issu d'une famille de musiciens : son père travaillait comme employé dans une raffinerie de sucre, et sa mère était mère au foyer. A l'âge de cinq ans et demi, il fut présenté à Yakov Tkach, un célèbre professeur de piano d'Odessa. Emil Gilels exécuta la première partie de ses études musicales avec une facilité déconcertante. En 1929, âgé de seulement douze ans, il donna son premier concert public. En 1930, il fut admis au Conservatoire d'Odessa dans la classe de Berta Reingbald. Son but principal était de faire participer le jeune élève au Concours First-Union Competition of Performers, annoncé pour 1933 à Moscou. La performance de Gilels y fit sensation - quand il finit de jouer, l'auditorium se leva en une ovation tumultueuse, et même le jury se leva pour applaudir. La question du premier prix ne fut même pas débattue : Gilels fut nommé vainqueur de manière unanime. Ce concours changea la vie d'Emil : il était soudainement devenu célèbre dans tout le pays. A la suite, il partit pour une grande tournée en URSS.

Gilels fut diplômé du Conservatoire d'Odessa à l'automne 1935. Il fut immédiatement admis dans la classe d'Heinrich Neuhaus comme étudiant dans le niveau supérieur du Conservatoire de Moscou, et Gilels renouvela ses engagements de concerts. Le phénomène « Gilels » commença alors à se faire connaître à l'étranger. A son arrivée à Moscou au début de l'année 1936, le chef Otto Klemperer monta le Concerto No. 3 en Do mineur Op. 37 de Beethoven, avec Gilels pour soliste. La même année, il participa à son premier concours international - le Concours International de l'Académie de Musique de Vienne. Bien qu'il ait réussi à attirer le regard de l'Europe sur sa prestation, et malgré le prestige indubitable de son statut de finaliste, il considéra sa deuxième place comme un échec. Le premier prix fut attribué à son ami Jacob Flier - un pianiste profondément romantique.

En 1938, Gilels et Flier participèrent au Concours Reine Elisabeth. Tout le monde attendait d'eux qu'ils confirment la réputation des musiciens soviétiques, après la victoire du violoniste David Oistrakh un an auparavant, et qu'ils fassent un retour triomphant. Et, de fait, Gilels obtint le premier prix et Flier le troisième. Le monde musical commença à parler d'Emil Gilels. Après ce Concours, il était supposé partir pour une longue tournée de concerts, notamment aux États-Unis. Mais ce projet fut brutalement interrompu par la Deuxième Guerre Mondiale. Gilels devint un héros dans son pays natal : il reçut une médaille pour ses accomplissements, fut félicité lors d'une fête donnée à son retour, et dans l'esprit des soviétiques, son nom résonnait au même titre que ceux des célèbres explorateurs, des pilotes et des stars de cinéma.

Emil Gilels finit ses études supérieures en 1938 et commença à enseigner au Conservatoire de Moscou (il obtint le statut de professeur en 1952). Il continua ce travail pédagogique de manière ponctuelle jusqu'en 1976, mais ne put jamais s'y consacrer entièrement à cause des nombreuses propositions de concerts qui lui étaient faites. Toutefois, il compta des pianistes importants parmi ses élèves, comme Marina Mdivani, Valery Afanassiev, Igor Zhukov et le pianiste et compositeur Vladimir Blok.

Quand la guerre éclata, il ne fut pas évacué comme les autres membres du Conservatoire. Il rejoignit la résistance civile et, obéissant à un ordre le pressant de revenir, commença à jouer au Front et dans les hôpitaux. Au début de l'année 1943, il interpréta la pièce de bravoure de Stravinsky, Petrouchka, pour les habitants épuisés de la ville assiégée de Leningrad.

A la fin de la guerre, Emil Gilels fut chargé d'une mission particulière : il devait représenter l'Art d'un pays victorieux. Il joua donc sur les scènes de l'Europe de l'est en ruines, et peu après, partit pour une tournée en Italie, Angleterre, France, Autriche, dans les pays scandinaves, et encore de nombreux autres. Tous les pays européens considéraient qu'accueillir Gilels pour un concert ou un enregistrement était un grand privilège. Il reçu des médailles et des honneurs - le public le vénérait.

En 1955, Emil Gilels devint le premier artiste soviétique à voyager aux États-Unis pour une tournée, depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Entre les années 1950 et 1970, il atteignit l'apogée de sa carrière dans tous les aspects de son jeu. Il se produisit sous la baguette des plus grands chefs : Mravonski, Melik-Pashayev, Svetlanov, Ivanos, Rakhlin, Gauk, Ginsburg, Eliasberg, Niyazi, Jarvi, Kitayenko, Dudarova, Barshai. Ses collaborations avec Sanderling et Kondrashin furent particulièrement importantes et durables. En URSS, il eut d'autres liens avec Gusman, Paverman, Maluntsyan, Gokieli, Kolomiytseva, Shaposhnikov, Gurtovoy, Robinovich, Katz, Feldman, Vigners, Sherman, Stasevich, Sokolov, Tiulin, Kravchenko, Karapetyan, Dubrovsky, Tolba, Provatorov, Katayev, Aranovich, Chunikhin, Yadikh, Nikolayevsky, et bien d'autres. Grâce à ces collaborations, il put aussi trouver de nouveaux et talentueux chefs, tels que Verbintsky ou Ovchinikov.

Emil Gilels joua aussi dans des ensembles : avec les pianistes Flier et Zak, puis plus tard avec sa fille Elena Gilels ; les violonistes Elisabeth Gilels (sa soeur), Tziganov, Kogan ; le Quatuor Beethoven ; en trio avec Tziganov et Shirinsky, ainsi qu'avec son propre trio (Gilels, Kogan, Rostropovich) ; avec le flutiste Korneiv et le corniste français Shapiro. A l'étranger, il collabora aussi avec les Quatuors Amadeus et Sibelius Academy.

L'engagement d'Emil Gilels auprès de studios d'enregistrement fut aussi intensif que son engagement dans les tournées de concerts : il travailla avec de nombreuses compagnies, notamment Melodiya, Angel, Ariola, EMI, Eterna et Deutsche Grammophon. Ses enregistrements les plus anciens datent des années 1930 et comportent la Gigue de Loeillet-Godowsky, la Fantaisie sur Deux Thèmes des Noces de Figaro de Mozart-Liszt-Busoni, la Ballade No. 1 en Sol mineur Op. 23 de Chopin, la Rhapsodie Hongroise No. 9 de Liszt, la Toccata de Schumann et le Duetto tiré des Chansons sans paroles de Mendelssohn. Au total, Gilels enregistra près de 500 œuvres (sans compter les nombreuses versions existantes de pièces individuelles). Le nombre exact ne fut jamais connu, à cause des nombreux enregistrements audio et vidéo amateurs réalisés lors des récitals de Gilels.

Entre 1950 et 1970, Gilels continua à enseigner au Conservatoire de Moscou, tout en poursuivant une carrière publique importante. Il ne put toutefois refuser l'invitation à présider le jury du Concours International Tchaikovsky de Piano - position qu'il conserva pendant les quatre premières sessions de ce concours.

Au milieu des années 1970, Emil Gilels commença à limiter ses activités qui n'étaient pas directement liées à son statut de concertiste. Il arrêta de prendre part aux jurys des concours internationaux de piano, et arrêta d'enseigner.

Emil Gilels fut nommé Artiste du Peuple d'URSS, reçut le Prix Lénine en 1962, et en 1976 - en l'honneur de son soixantième anniversaire - il fut gratifié de la distinction la plus haute du gouvernement soviétique : Héros du Travail Socialiste.
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Naum Sluszny
°1914 - 1979
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Grace Ward Lankford
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Yakov Zak
Ukraine, °1913 - 1976
Ukrainian pianist and teacher Yakov Zak (1913-1976) graduated from Maria Starkova's piano class at Odessa Conservatory in 1932 and from Heinrich Neuhaus' class in the master school at Moscow Conservatory in 1935. He made his concert debut in 1935, and became widely known when he won first prize at the Warsaw International Chopin Competition in 1937. He was made People's Artist of the USSR in 1966.

Yakov Zak's playing was characterized by virtuosity, delicate lyricism and depth of artistic imagination. He was the foremost interpreter of much Soviet music, and gave the first performances of the concertos of Golubev and Levitin, Kabalevsky's Third Sonata, Bely's Third Sonata, Chulaki's sonatas and Koval's suites. He recorded Aleksandrov's Second Sonata, as well as Prokofiev's Second Concerto, Rachmaninoff's Fourth Concerto and Vasilenko's F sharp minor Concerto.

Yakov Zak began to teach at Moscow Conservatory in 1935 and became a professor in 1947, with a chair from 1965. His pupils included Eugene Moguilevsky, Nikolai Petrov, Eliso Virsaladze and L. Timofeyeva. He wrote a number of articles, including the essay Some questions of the education of young performers (1968) and Meetings and reflections (1979).
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Carlo Zecchi
°1903 - 1984
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