Léon Fleisher, pianiste prodige à deux et à une main(s)
Léon Fleisher est né à San Francisco en 1928, de parents qui ont émigré aux États-Unis d’Europe de l’Est. Il apprend le piano à l’âge quatre ans et à neuf ans, a suivi l’enseignement du pianiste de renom Artur Schnabel. Sa carrière musicale commence à l’Orchestre philharmonique de New York, qu’il intègre à l’âge de 16 ans. C’est le début d’une grande carrière pianistique, marquée par de nombreux enregistrements, notamment de Beethoven, Brahms et Schubert mais aussi de compositeurs américains contemporains tels que Roger Sessions (avec qui il a brièvement étudié le solfège) et Aaron Copland.
Une carrière qui sera mise à mal par une maladie, la dystonie focale, qui le prive de l’usage de sa main droite. Après une pause de deux ans, Léon Fleisher se tourne vers l’enseignement et la direction d’orchestre. Il recommence également à jouer du piano, se concentrant sur les œuvres écrites pour la main gauche, il exhume d’ailleurs plusieurs œuvres qui avaient été composées pour le pianiste Paul Wittgenstein, qui avait perdu son bras droit pendant la Première Guerre mondiale. Il enregistrera d’ailleurs dans les années 1990 des sommets du répertoire de la main gauche, dont des concertos de Ravel, Prokofiev et Britten, de la musique de chambre de Korngold et Schmidt, et des œuvres solistes de Saint-Saëns, Godowsky et Bach. Des compositeurs, comme Leon Kirchner, lui écriront également des œuvres pour la main gauche.
En 1995, à force de détermination et après de nombreux traitements, Léon Fleisher a pu recommencer à jouer de sa main droite, sans récupérer entièrement son habileté d’autrefois. En 2004, il sort un disque intitulé Two Hands (Deux mains), son premier après 41 ans d'interruption. Il fera également un retour triomphant lors d'un concert au Carnegie Hall de New York en 2003.
Premier lauréat du Concours Reine Elisabeth en 1952
Alors âgé de 24 ans, Leon Fleisher est le premier Américain à remporter le Concours Reine Elisabeth en 1952, en interprétant avec une grande virtuosité le premier concerto pour piano de Brahms. Une interprétation également marquée par un incident particulier. Dans la cadence du premier mouvement, Leon Fleisher casse une des cordes graves du piano. L’accordeur étant introuvable, Leon Fleisher a entrepris lui-même de remplacer la corde cassée, devant un public et un jury médusés et amusés. Il a ensuite repris l’interprétation du concerto avec un calme impressionnant, comme si rien ne s’était passé.
Premier lauréat en 1952, Léon Fleisher fut également membre du jury pendant plusieurs éditions de piano.
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