Alexander Melnikov
Russie (Fédération de), °1973
 
En novembre 2010, l’enregistrement par Alexander Melnikov des 24 Préludes et Fugues de Chostakovitch a réçu le « choc de classica 2010 ». Beau succès amplement mérité pour le pianiste russe - qui pourtant ne va sans doute savourer cet honneur que de façon très circonspecte. Car Melnikov est un artiste extraordinairement modeste et autocritique. Il met ses dons entièrement au service du travail musical; toute démonstration autour de sa personne lui est désagréable.

Ce Moscovite né en 1973 résiste à la catégorisation. S’il faisait preuve très jeune d’un talent hors du commun, il ne se considère nullement comme enfant prodige. À douze ans déjà, il jouait le Premier Concerto de Rachmaninov: l’un des nombreux témoignages d’une maturité artistique très tôt acquise. Parmi les influences les plus marquantes de ses jeunes années, il compte ses rencontres avec Sviatoslav Richter, dont le mélange de grande puissance et de sensibilité délicate lui a beaucoup appris.

Mais Alexander Melnikov n’est en aucune façon un produit typique de l’école russe du piano. À l’âge de dix-huit ans il s’engage de façon intensive dans la pratique des instruments historiques ; aujourd’hui il se produit volontiers au pianoforte et maintient un contact amical avec Andreas Staier, dont il est un grand admirateur.

Mais là non plus Alexander Melnikov ne se laisse pas enfermer dans un cadre défini : après quelques années de recul par rapport au répertoire romantique russe - qui avait pourtant été son premier amour -, c’est sa rencontre avec Mikhail Pletnev qui lui a de nouveau ouvert les oreilles aux beautés de cette musique. Il les a ensuite explorées dans des disques consacrés à Rachmaninov et à Scriabine parus sous label harmonia mundi… et unanimement loués par la presse spécialisée pour leur capacité à révéler les profondeurs enfouies des œuvres.

Le lien avec harmonia mundi s’est tissé grâce au contact avec la violoniste Isabelle Faust, sa partenaire régulière en duo depuis de longues années. Leur complicité artistique se manifeste notamment dans l’enregistrement intégral des sonates pour piano et violon de Beethoven, qui a remporté entre autres le prix ECHO Klassik 2010 et le Gramophone Award du meilleur enregistrement de musique de chambre de l’année 2010 et a été nominé pour le Grammy.

Une pratique intensive chambriste aux côtés de partenaires tels que Natalia Gutman, Yuri Bashmet, Alexander Rudin, Pieter Wispelwey ou Jean-Guihen Queyras est pour Melnikov une composante indispensable de son travail - la notion selon laquelle la musique de chambre et la carrière de soliste seraient mutuellement exclusives est encore un de ces stéréotypes auxquels le pianiste est allergique.

Dans les faits, ses multiples intérêts et talents artistiques - parmi lesquels on dénombre aussi la rédaction de textes de livrets CD d’une rare pénétration -, ne l’ont nullement handicapé. Ses récitals le mènent régulièrement dans les salles de concert les plus prestigieuses, tels le Concertgebouw d’Amsterdam, Suntory Hall à Tokyo, l’Alte Oper de Francfort ou le Théâtre du Châtelet à Paris. Parmi les orchestres qui l’ont invité, on peut retenir l’Orchestre national de Russie et le Tokyo Philharmonic Orchestra, l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig et le Philadelphia Orchestra sous la direction de Charles Dutoit, la Philharmonie de Rotterdam sous la baguette de Valery Gergiev, l’Orchestre royal du Concertgebouw, le NHK Symphony Orchestra et le BBC Philharmonic Orchestra.
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