Président du jury
Marcel Poot
Belgique, °1901 - 1988
Marcel Poot (1901-1988) fit ses études musicales supérieures aux conservatoires d’Anvers et de Bruxelles. Il fut un disciple de Paul Gilson pour la composition et l’orchestration et après avoir obtenu en 1930 le Prix Rubens, il travailla à Paris avec Paul Dukas.

En 1925, il crée avec quelques amis le groupe des Synthétistes pour faire mieux connaître la musique contemporaine. Il fonde avec son maître Paul Gilson, la Revue Musicale Belge. Parmi ses multiples occupations, citons qu’il fut aussi critique musical au journal Le Peuple et après la guerre au journal La Nation Belge. Il occupe jusqu’en 1940 un poste à l’Institut National de Radiodiffusion nouvellement créé. En collaboration avec le directeur Theo Fleischman il écrivit divers jeux radiophoniques. Après la guerre il reprend ses activités à L’I.N.R. et y devient président du jury d’audition jusqu’en 1949. Il assume également la présidence de la SABAM pendant de nombreuses années.

Après une importante carrière dans l’enseignement musical, Marcel Poot quitte la radio pour devenir en 1949 directeur du Conservatoire de Musique de Bruxelles jusqu’en 1966. Il y était déjà professeur d’harmonie pratique et de contrepoint. De 1963 à 1980 il a présidé le jury du Concours Reine Elisabeth et de 1969 à 1976 il a été recteur de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Il était membre de l’Académie Royale Flamande de Belgique.

Il est titulaire de plusieurs décorations belges et étrangères, dont en Belgique officier de l’Ordre de Léopold et en France officier de la Légion d’Honneur.
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John Browning
États-Unis, °1933 - 2003
Dans la tradition des grands pianistes romantiques, John Browning se forgea sa réputation pour ses exceptionnels dons d’interprétation, sa maîtrise technique des couleurs et de la sonorité du clavier, et son engagement profond pour la musique. Il était considéré comme l’un des plus importants virtuoses de son temps. Il était une sommité américaine de la grandeur de la musique, et impressionnait le public et la presse par cette passion, cette intégrité et cette imagination musicale dans un répertoire qui allait de Bach et Scarlatti aux compositeurs du XXème siècle.
Ses enregistrements, largement acclamés et gagnants de trois Grammy nominations et de deux Grammy awards, en plus d’un nombre significatif de compositions écrites et dédiées expressément au pianiste par des compositeurs renommés, illustrèrent bien l’envergure de son art.

Après un début triomphant aux côtés du New York Philharmonic, en 1956, John Browning se produisit dans presque toutes les capitales mondiales, collectionnant les ovations pour ses récitals en solo, ses apparitions et ses enregistrements de concertos. Il se produisit et enregistra à large échelle, balayant trois siècles de musique : de Mozart aux grandes pièces virtuoses de Beethoven, Brahms, Prokofiev, Rachmaninov, Ravel et Tchaïkovski - avec un total de 43 concertos à son effectif. En plus de ses succès à l’interprétation d’œuvres de Samuel Barber, avec lequel il avait longtemps été associé, il créa et enregistra des compositions du contemporain et américain Richard Cumming.

John Browning donna des concerts réguliers aux Etats-Unis, au Canada, en Europe, au Japon, en Amérique du sud, Nouvelle-Zélande et Australie, et fit des tournées en URSS à quatre reprises. En Amérique du nord, il fit de nombreuses apparitions avec les orchestres de Boston, Chicago, Cleveland, Houston, Los Angeles, New Jersey, New York, Philadelphie, Pittsburgh, St. Louis, Toronto et l’orchestre symphonique national de Washington D.C. Ses expériences avec des orchestres européens incluent le Royal Concertgebouw d’Amsterdam, le Philharmonique de Londres, les orchestres symphoniques nationaux de Londres et d’Ecosse et, plus tard, l’orchestre philharmonique royal de Stockholm avec Andrew Davis.

Il collabora avec Léonard Slatkin aux festivals Wolf Trap et Blossom Music, avec Pinchas Zukerman au Festival Ravini, avec le Tokyo String Quartet au Festival Mostly Mozart du Centre Lincoln, et avec Robert Spano et l’orchestre symphonique de Boston à Tanglewood. Il était aussi l’invité régulier d’autres festivals de musique américains, et se produisit souvent au Hollywood Bowl, au Caramoor International, à Grant Park, Saratoga, Newport, Rockport, Seattle International, St. Charles Art & Music et le Peninsula Music Festival.

Né en 1933 à Denver (Colorado) d’un père violoniste et d’une mère pianiste, John Browning commença à étudier le piano à l’âge de cinq ans, et fit sa première apparition publique en soliste avec l’orchestre symphonique de Denver à dix ans. Il partit peu après pour New York, afin de poursuivre ses études musicales avec Rosina Lhevinne, à la Juilliard School. Il gagna rapidement en notoriété, en remportant le Steinway Centennial Award en 1954, et en obtenant la seconde place au Concours Reine Elisabeth l’année suivante. L’attention dont il faisait l’objet fut renforcée lorsqu’il se produisit pour la première fois avec l’orchestre philharmonique de New York et Dimitri Mitropoulos, dans une performance acclamée par les critiques new-yorkais. Cet évènement lança sa carrière internationale, et poussa Samuel Barber à lui écrire un concerto pour piano.

Six ans plus tard, en 1962, John Browning fut choisi pour interpréter, pour la première fois, ce concerto pour piano et orchestre de Samuel Barber, aux côtés de l’orchestre symphonique de Boston dirigé par Erich Leinsdorf, lors de la cérémonie d’inauguration du Lincoln Center for the Performing Arts à New York. Dédié spécialement à John Browning, cette pièce obtint le Prix Pulitzer et est devenue le concerto pour piano américain le plus joué au cours des cinquante dernières années - aucun autre n’a jamais été aussi ancré dans le répertoire. Il en fit un premier enregistrement en 1964 avec George Szell et l’orchestre de Cleveland pour le label CBS Masterworks. Un autre enregistrement avec Léonard Slatkin dirigeant l’orchestre symphonique de St. Louis sortit en 1991 sous le label BMG Classics/RCA Victor Red Seal. Ceci lui fit gagner son premier Grammy Award du Meilleur Soliste avec Orchestre et une Grammy Nomination pour le meilleur album classique.

John Browning fit aussi des enregistrements pour MusicMasters, et sortit un disque des œuvres complètes de Barber pour piano solo en 1993, qui lui fit obtenir un second Grammy Award : Meilleur Interprète Classique en soliste sans orchestre. Suivirent plusieurs autres enregistrements : en 1994, il sortit un disque consacré à Scarlatti, suivi l’année suivante d’un enregistrement des deux concertos de Mozart avec l’orchestre de St. Luke et Julius Rudel, puis du Quintet avec piano et du Trio pour cor de Brahms avec l’ensemble de chambre de St. Luke.

En 1994, Deutsche Grammophone sortit son enregistrement de l’intégrale de chants de Barber, avec la soprano Cheryl Studer et le baryton Thomas Hampson. En 1998, BMG Classics/RCA Victor Red Seal sortit un enregistrement du Triple Concerto de Beethoven avec le violoniste Pinchas Zuckerman, le violoncelliste Ralph Kirchbaum et l’orchestre symphonique de Londres dirigé par Christopher Eschenbach - il connut un grand succès. A la discographie de John Browning, nous pouvons encore ajouter trois enregistrements dédiés à la musique de Liszt, Mussorgsky et Rachmaninoff sous le label Duos. Les labels Capital, RCA, Phoenix et Seraphim comptent aussi des enregistrements du pianiste : les études complètes de Chopin, les cinq concertos de Prokofiev, le Concerto pour piano No.1 de Tchaïkovski. Enfin, le label CRI sortit les enregistrements des Vingt-quatre Préludes et Silhouettes, écrits et dédiés à John Browning par Richard Cumming.
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Gaby Casadesus
France, °1901 - 1999
Premier prix de piano à 16 ans, Gaby l'Hôte rencontre alors son futur mari Robert Casadesus avec lequel elle formera plus tard le duo Robert et Gaby Casadesus. En 1934, il créent en première audition à Varsovie le concerto pour deux pianos de Robert, et l'année suivante, ils jouèrent le concerto pour deux pianos de Mozart sous la direction de Bruno Walter.

Gaby Casadesus a enseigné aux États-Unis, au Mozarteum de Salzbourg, à l'Académie Maurice Ravel de Saint-Jean de Luz et au Conservatoire américain de Fontainebleau. L'activité qu'elle déploie avec sa famille pour faire vivre la mémoire de Robert n'a guère de limites : rencontres de piano Robert Casadesus, concours international de piano Robert Casadesus (créé à Cleveland en 1975), nombreuses émissions de radio, télé, témoignages musicaux, enregistrements...

Elle a écrit le livre Mes Noces Musicales (1989 - Ed. Buchet-Chastel/Sacem) et un livre pédagogique Ma technique quotidienne (Ed. Eschig).

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Eduardo del Pueyo
°1905 - 1986
Né à Zaragoza, en Espagne, Eduardo del Pueyo (1905-1986) avait débuté ses études musicales à 8 ans et sa carrière pianistique à 16 ans. Brillant technicien, d’un esprit raffiné et d’un tempérament riche, il sera, durant quelques décennies, une référence, notamment en matière d’interprétation des oeuvres de Beethoven.
Professeur au Conservatoire Royal de Bruxelles, à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, à l’Université Autonome de Madrid et au Mozarteum de Salzbourg, il aura été conseiller technique et membre du jury du Concours Reine Elisabeth depuis sa fondation. Le moindre de ses titres n’est pas celui d’avoir formé quelques uns des lauréats belges de du Concours Reine Elisabeth : Jean-Claude Vanden Eynden, André De Groote, Jo Alfidi, Evelyne Brancart et Johan Schmidt.
C’est en 1977 que fut créé le Centre européen des hautes études musicales, à l’initiative d'Eduardo del Pueyo et de Jean-Claude Vanden Eynden, devenu Centre Musical Eduardo del Pueyo en 2004.


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Liuba Enceva
Bulgarie (Rép.), °1914 - 1989
Liuba Enceva était une pianiste et un professeur de musique bulgare. Initiée au piano par sa mère, elle remporta le premier prix du 65ème concours du Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan, alors seulement âgée de dix ans. En 1932, à l'âge de 19 ans, elle fut diplômée du Conservatoire de Milan avec les plus hautes distinctions. À Paris, elle se perfectionna aux côtés de Marcel Ciampi et de Lazar Levy ; puis avec Edwin Fischer à Berlin. Elle commença à se produire en Bulgarie dès 1926. En 1936, elle gagna la médaille d'argent au Concours International pour Chanteurs et Instrumentistes de Vienne, après quoi elle partit pour une tournée internationale.

Elle devint enseignante de piano au Conservatoire National de Sofia en 1963, où elle avait donné des classes régulièrement depuis 1950, combinant ainsi une carrière de concertiste à ses activités de pédagogue. Grâce à sa remarquable intégrité musicale, Liuba Enceva fut régulièrement invitée à prendre part aux jurys de concours internationaux de piano, tels que les concours Tchaïkovsky, Chopin, Reine Elisabeth, Robert Schuman, Bach, Debussy et Busoni. Elle fut professeur invitée à l'Académie Muzishino de Tokyo, de 1981 à 1982, période pendant laquelle elle réalisa une grande tournée au Japon et en Australie. Elle donna couramment des masterclasses et fonda la Faculté de Musique de la ville d'Isperih en 1985.

En 1937, Liuba Enceva participa à l'ouverture du Hall Bulgaria à Sofia, avec une interprétation du concerto pour deux pianos et orchestre de Jean-Sébastien Bach, avec Dimitar Nenov et accompagné de l'Orchestre Philharmonique de Sofia dirigé par T. Tsankov. Elle revint à Sofia pour son premier concert après la Deuxième Guerre Mondiale, en 1946. Peu après, elle devint une soliste établie de Radio Sofia. En 1959, elle joua pour la première fois avec Sava Dimitrov à la clarinette, un duo qui se produisit sur toutes les plus grades scènes pendant 26 ans.

Pour le label Alpha and Lehman Gorle, elle fit ses premiers enregistrements d'oeuvres de Pancho, Svetoslav Obretenov, Dimitar Nenov, Parashkev Hadjiev et Georgi Zlatev-Cherkin. En 1989, Liuba Enceva réalisa son dernier enregistrement pour la Radio Nationale de Bugarie, dont fut tiré un CD en 2009 à l'occasion du vingtième anniversaire de sa mort.

En 1952, Liuba Enceva reçut le Prix Dimitrov, et en 1979, elle reçut le titre d'Artiste du Peuple de Bulgarie. En 1985, elle obtint le Award of Musical Days « Dimitar Nenov » à Razgrad. Alexander Petrov, son mari , fit le don de sa maison natale à la Fondation des Jeunes Talents en 1997. Depuis 2008, un prix annuel au nom de Liuba Enceva est organisé à l'Académie de Musique, Dances et Beaux-Arts Plovdiv. Une Fondation des Arts a aussi repris son nom.
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Leon Fleisher
États-Unis, °1928 - 2020

Léon Fleisher, pianiste prodige à deux et à une main(s)

Léon Fleisher est né à San Francisco en 1928, de parents qui ont émigré aux États-Unis d’Europe de l’Est. Il apprend le piano à l’âge quatre ans et à neuf ans, a suivi l’enseignement du pianiste de renom Artur Schnabel. Sa carrière musicale commence à l’Orchestre philharmonique de New York, qu’il intègre à l’âge de 16 ans. C’est le début d’une grande carrière pianistique, marquée par de nombreux enregistrements, notamment de Beethoven, Brahms et Schubert mais aussi de compositeurs américains contemporains tels que Roger Sessions (avec qui il a brièvement étudié le solfège) et Aaron Copland.

Une carrière qui sera mise à mal par une maladie, la dystonie focale, qui le prive de l’usage de sa main droite. Après une pause de deux ans, Léon Fleisher se tourne vers l’enseignement et la direction d’orchestre. Il recommence également à jouer du piano, se concentrant sur les œuvres écrites pour la main gauche, il exhume d’ailleurs plusieurs œuvres qui avaient été composées pour le pianiste Paul Wittgenstein, qui avait perdu son bras droit pendant la Première Guerre mondiale. Il enregistrera d’ailleurs dans les années 1990 des sommets du répertoire de la main gauche, dont des concertos de Ravel, Prokofiev et Britten, de la musique de chambre de Korngold et Schmidt, et des œuvres solistes de Saint-Saëns, Godowsky et Bach. Des compositeurs, comme Leon Kirchner, lui écriront également des œuvres pour la main gauche.

En 1995, à force de détermination et après de nombreux traitements, Léon Fleisher a pu recommencer à jouer de sa main droite, sans récupérer entièrement son habileté d’autrefois. En 2004, il sort un disque intitulé Two Hands (Deux mains), son premier après 41 ans d'interruption. Il fera également un retour triomphant lors d'un concert au Carnegie Hall de New York en 2003.

Premier lauréat du Concours Reine Elisabeth en 1952

Alors âgé de 24 ans, Leon Fleisher est le premier Américain à remporter le Concours Reine Elisabeth en 1952, en interprétant avec une grande virtuosité le premier concerto pour piano de Brahms. Une interprétation également marquée par un incident particulier. Dans la cadence du premier mouvement, Leon Fleisher casse une des cordes graves du piano. L’accordeur étant introuvable, Leon Fleisher a entrepris lui-même de remplacer la corde cassée, devant un public et un jury médusés et amusés. Il a ensuite repris l’interprétation du concerto avec un calme impressionnant, comme si rien ne s’était passé.

Premier lauréat en 1952, Léon Fleisher fut également membre du jury pendant plusieurs éditions de piano.

Article de rtbf.be/musiq3
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Frédéric Gevers
- 1997
Né à Anvers, Frédéric Gevers est apparenté au poète Emile Verhaeren et à la romancière Marie Gevers. S'adonnant à la musique dès l'âge de trois ans et ayant achevé ses études à Anvers et à Bruxelles, il se perfectionne à Paris chez Yves Nat. Il a travaillé également avec Walter Rummel, Paul Roës et Wilhelm Kempff. Il a partagé sa carrière entre une chaire de piano au Conservatoire royal d'Anvers et des concerts à travers l'Europe, le Proche-Orient, l'Afrique du Sud, le Canada et l'USSR.
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Emil Gilels
Russie (Fédération de), °1916 - 1985
Emil Gilels naquit à Odessa. Il n'était pas issu d'une famille de musiciens : son père travaillait comme employé dans une raffinerie de sucre, et sa mère était mère au foyer. A l'âge de cinq ans et demi, il fut présenté à Yakov Tkach, un célèbre professeur de piano d'Odessa. Emil Gilels exécuta la première partie de ses études musicales avec une facilité déconcertante. En 1929, âgé de seulement douze ans, il donna son premier concert public. En 1930, il fut admis au Conservatoire d'Odessa dans la classe de Berta Reingbald. Son but principal était de faire participer le jeune élève au Concours First-Union Competition of Performers, annoncé pour 1933 à Moscou. La performance de Gilels y fit sensation - quand il finit de jouer, l'auditorium se leva en une ovation tumultueuse, et même le jury se leva pour applaudir. La question du premier prix ne fut même pas débattue : Gilels fut nommé vainqueur de manière unanime. Ce concours changea la vie d'Emil : il était soudainement devenu célèbre dans tout le pays. A la suite, il partit pour une grande tournée en URSS.

Gilels fut diplômé du Conservatoire d'Odessa à l'automne 1935. Il fut immédiatement admis dans la classe d'Heinrich Neuhaus comme étudiant dans le niveau supérieur du Conservatoire de Moscou, et Gilels renouvela ses engagements de concerts. Le phénomène « Gilels » commença alors à se faire connaître à l'étranger. A son arrivée à Moscou au début de l'année 1936, le chef Otto Klemperer monta le Concerto No. 3 en Do mineur Op. 37 de Beethoven, avec Gilels pour soliste. La même année, il participa à son premier concours international - le Concours International de l'Académie de Musique de Vienne. Bien qu'il ait réussi à attirer le regard de l'Europe sur sa prestation, et malgré le prestige indubitable de son statut de finaliste, il considéra sa deuxième place comme un échec. Le premier prix fut attribué à son ami Jacob Flier - un pianiste profondément romantique.

En 1938, Gilels et Flier participèrent au Concours Reine Elisabeth. Tout le monde attendait d'eux qu'ils confirment la réputation des musiciens soviétiques, après la victoire du violoniste David Oistrakh un an auparavant, et qu'ils fassent un retour triomphant. Et, de fait, Gilels obtint le premier prix et Flier le troisième. Le monde musical commença à parler d'Emil Gilels. Après ce Concours, il était supposé partir pour une longue tournée de concerts, notamment aux États-Unis. Mais ce projet fut brutalement interrompu par la Deuxième Guerre Mondiale. Gilels devint un héros dans son pays natal : il reçut une médaille pour ses accomplissements, fut félicité lors d'une fête donnée à son retour, et dans l'esprit des soviétiques, son nom résonnait au même titre que ceux des célèbres explorateurs, des pilotes et des stars de cinéma.

Emil Gilels finit ses études supérieures en 1938 et commença à enseigner au Conservatoire de Moscou (il obtint le statut de professeur en 1952). Il continua ce travail pédagogique de manière ponctuelle jusqu'en 1976, mais ne put jamais s'y consacrer entièrement à cause des nombreuses propositions de concerts qui lui étaient faites. Toutefois, il compta des pianistes importants parmi ses élèves, comme Marina Mdivani, Valery Afanassiev, Igor Zhukov et le pianiste et compositeur Vladimir Blok.

Quand la guerre éclata, il ne fut pas évacué comme les autres membres du Conservatoire. Il rejoignit la résistance civile et, obéissant à un ordre le pressant de revenir, commença à jouer au Front et dans les hôpitaux. Au début de l'année 1943, il interpréta la pièce de bravoure de Stravinsky, Petrouchka, pour les habitants épuisés de la ville assiégée de Leningrad.

A la fin de la guerre, Emil Gilels fut chargé d'une mission particulière : il devait représenter l'Art d'un pays victorieux. Il joua donc sur les scènes de l'Europe de l'est en ruines, et peu après, partit pour une tournée en Italie, Angleterre, France, Autriche, dans les pays scandinaves, et encore de nombreux autres. Tous les pays européens considéraient qu'accueillir Gilels pour un concert ou un enregistrement était un grand privilège. Il reçu des médailles et des honneurs - le public le vénérait.

En 1955, Emil Gilels devint le premier artiste soviétique à voyager aux États-Unis pour une tournée, depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Entre les années 1950 et 1970, il atteignit l'apogée de sa carrière dans tous les aspects de son jeu. Il se produisit sous la baguette des plus grands chefs : Mravonski, Melik-Pashayev, Svetlanov, Ivanos, Rakhlin, Gauk, Ginsburg, Eliasberg, Niyazi, Jarvi, Kitayenko, Dudarova, Barshai. Ses collaborations avec Sanderling et Kondrashin furent particulièrement importantes et durables. En URSS, il eut d'autres liens avec Gusman, Paverman, Maluntsyan, Gokieli, Kolomiytseva, Shaposhnikov, Gurtovoy, Robinovich, Katz, Feldman, Vigners, Sherman, Stasevich, Sokolov, Tiulin, Kravchenko, Karapetyan, Dubrovsky, Tolba, Provatorov, Katayev, Aranovich, Chunikhin, Yadikh, Nikolayevsky, et bien d'autres. Grâce à ces collaborations, il put aussi trouver de nouveaux et talentueux chefs, tels que Verbintsky ou Ovchinikov.

Emil Gilels joua aussi dans des ensembles : avec les pianistes Flier et Zak, puis plus tard avec sa fille Elena Gilels ; les violonistes Elisabeth Gilels (sa soeur), Tziganov, Kogan ; le Quatuor Beethoven ; en trio avec Tziganov et Shirinsky, ainsi qu'avec son propre trio (Gilels, Kogan, Rostropovich) ; avec le flutiste Korneiv et le corniste français Shapiro. A l'étranger, il collabora aussi avec les Quatuors Amadeus et Sibelius Academy.

L'engagement d'Emil Gilels auprès de studios d'enregistrement fut aussi intensif que son engagement dans les tournées de concerts : il travailla avec de nombreuses compagnies, notamment Melodiya, Angel, Ariola, EMI, Eterna et Deutsche Grammophon. Ses enregistrements les plus anciens datent des années 1930 et comportent la Gigue de Loeillet-Godowsky, la Fantaisie sur Deux Thèmes des Noces de Figaro de Mozart-Liszt-Busoni, la Ballade No. 1 en Sol mineur Op. 23 de Chopin, la Rhapsodie Hongroise No. 9 de Liszt, la Toccata de Schumann et le Duetto tiré des Chansons sans paroles de Mendelssohn. Au total, Gilels enregistra près de 500 œuvres (sans compter les nombreuses versions existantes de pièces individuelles). Le nombre exact ne fut jamais connu, à cause des nombreux enregistrements audio et vidéo amateurs réalisés lors des récitals de Gilels.

Entre 1950 et 1970, Gilels continua à enseigner au Conservatoire de Moscou, tout en poursuivant une carrière publique importante. Il ne put toutefois refuser l'invitation à présider le jury du Concours International Tchaikovsky de Piano - position qu'il conserva pendant les quatre premières sessions de ce concours.

Au milieu des années 1970, Emil Gilels commença à limiter ses activités qui n'étaient pas directement liées à son statut de concertiste. Il arrêta de prendre part aux jurys des concours internationaux de piano, et arrêta d'enseigner.

Emil Gilels fut nommé Artiste du Peuple d'URSS, reçut le Prix Lénine en 1962, et en 1976 - en l'honneur de son soixantième anniversaire - il fut gratifié de la distinction la plus haute du gouvernement soviétique : Héros du Travail Socialiste.
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Joseph Kalichstein
États-Unis, °1946
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Robert Leuridan
°1920 - 1988
Le pianiste belge Robert Leuridan (1920-1988), élève de Marcel Maes, était agrégé de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, premier prix de piano et premier prix de fugue. Lauréat du Concours de Genève, il le fut aussi du Concours Bartok à Budapest, où il termina ex-aequo avec Paul Badura-Skoda.

Il fut à l'origine de la renaissance du pianoforte en Belgique et par là d'une nouvelle approche des grandes pages de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Son sens de la pédagogie, il l'avait aussi mis en oeuvre aux Conservatoires Royaux de Liège et de Bruxelles, ainsi qu'à l'Académie de Musique de Forest.

Robert Leuridan avait fondé les Rencontres Musicales du château de Deulin. Au cours de stages internationaux, il y distillait ses connaissances et ses découvertes à l'intention de jeunes pianistes heureux de découvrir de beaux claviers d'époque, les Broadwood, les Stein, les Clementi, les Tomkinson ou les Mott and Mott, instruments témoins de la grande école classique, Haydn, Mozart et Beethoven.

S'il fut un éminent interprète de Schubert, Robert Leuridan consacra le début de sa carrière à l'oeuvre pianistique de Bartok qu'il révéla en Belgique, et à la musique contemporaine.
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Marcelle Mercenier
Belgique, °1920 - 1996
Pianiste et, plus encore, immense pédagogue à Bruxelles, puis à Liège, Marcelle Mercenier (1920-1996) avait très tôt choisi d'abattre toutes les frontières musicales. Elle jouait Boulez quand une affiche Bartok restait exceptionnelle, mais elle interprétait Chopin sous la baguette de Charles Munch, Poulenc avec le compositeur, ou Beethoven et Debussy (mémorable souvenir que ses «Etudes» !) tout comme elle discutait des phrasés baroques dès les années soixante. Elle abordait Beethoven de la même manière que Webern, se souvient Philippe Boesmans, non pas en analyste sèche et formelle mais par le sens du phrasé. Et de cette recherche de la construction de la phrase découlait celle de l'interprétation. Elle allait parfois jusqu'à inventer des doigtés très compliqués pour rendre ce phrasé le plus efficace possible. La propreté du jeu n'était pas son souci premier, mais bien la pertinence, l'intelligence de la musique.

De Philippe Boesmans, Marcelle Mercenier a créé Fanfare I pour 2 pianos (1972) et le Concerto pour piano en 1978, dont Jacques Lonchampt écrivait dans Le Monde : C'est le piano qui mène le jeu en une suite de cadences étincelantes et terribles - faites pour Marcelle Mercenier - qui en joue d'une facilité déconcertante...

Dans l'intimité d'André Souris, de Pierre Froidebise, de cette miraculeuse effervescence esthétique tous domaines contemporains confondus, Marcelle Mercenier fit partie du groupe du Séminaire des Arts, formé en août 1944 à Bruxelles. C'est dans ce cadre, que la pianiste créa en 1947 la Sonatine pour flûte et piano, première oeuvre où Pierre Boulez utilisait la technique sérielle. De Boulez encore, elle joua pour la première fois en Belgique (1978) la version finale de la 3e Sonate, une oeuvre ouverte qui offrait à l'interprète un certain nombre de parcours possibles. Boulez, qui n'avait jamais rompu l'amitié avec Marcelle Mercenier et qui lui parla pour la dernière fois lors de son concert en juin 1995.

On pourrait aussi évoquer les Schoenberg, les Webern, les Stockhausen, mêlés dans ses programmes à Debussy, Schumann et même Mozart, qu'elle investissait avec une maîtrise technique étourdissante, un feu et une autorité souveraine.

Cette femme étonnante qui était née à Jemeppe sur Meuse en 1920, dans un milieu modeste, qui garda toute sa vie une conscience politique de gauche, accompagna aussi les films muets et aimait tout autant la variété et le jazz... Et c'est ce même pédagogue qui répétait à ses élèves «un être inculte ne peut pas faire de musique». (Michèle Friche)
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Viktor Merjanov
Russie (Fédération de) - 2012
Viktor Merjanov est professeur de piano et directeur de la section de piano au Conservatoire de Moscou. Il a été formé dans ce même conservatoire par le professeur Feinberg. Titulaire de grand prix nationaux et internationaux (du Concours Chopin en 1949), il compte plusieurs élèves qui, à leur tour, brilleront dans les concours.
Sa carrière de soliste, de professeur et de conférencier l'a conduit dans tous les États de l'Union soviétique, dans la plupart des pays d'Europe et jusqu'à Cuba et aux États-Unis. Il a joué sous la baguette de nombreux chefs, dont Kondrashin, Temirkanov, Maderna ou Berglund.
On lui doit également plusieurs articles sur divers thèmes musicaux ou pédagogiques. Il est membre du Comité de l'International Music Union et président de la Russian Rachmaninov Society. Il est également président du Concours Rachmaninov et siège dans les jurys de nombreux concours.
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Michael Ponti
Allemagne, °1937
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Kazuko Yasukawa
Madame Kazuko Yasukawa, Japonaise formée à Paris, est membre de l'Académie des Arts du Japon, professeur honoraire de l'Université des Arts et de la Musique de Tokyo, Administrateur Général de la Fédération des Musiciens et Présidente de l'Association des professeurs de piano au Japon. Présidente du comité d'organisation du Concours International de Musique du Japon, elle est titulaire de nombreux prix et honneurs et membre du jury des principaux concours internationaux. En 1997 le Kazuko Yasukawa Memorial Competition a été fondé en son honneur, principalement dédié au répertoire français.
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